Тунисские хроники. 21 февраля 2013.

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ТУНИССКИЕ ХРОНИКИ, 21 февраля 2013. Часть 1

 

ПРАВИТЕЛЬСТВЕННЫЙ КРИЗИС В ТУНИСЕ.

Тунис оказался в пустоте…

Капитан покинул корабль, чтобы вернуться?

Кто будет министром внутренних дел?

Тунисская демократия идет по турецкому пути?

Профсоюзы. «Интересы Родины выше всех других интересов. Нужен национальный диалог!»

Предприниматели: «Политическая нестабильность ухудшает экономическое положение»

Тунисская партия труда: «Нужен консенсус!»

Нида Тунес критикует Ан-Нахду и Конгресс за Республику.

Движение ВАФА: последовательно бороться с коррупцией

У Туниса нет ясной социальной и экономической программы

Исламисты против прогрессистов.

Салафиты против демократии.

Кто будет оплачивать экономический и социальный прогресс?

Катар играет дестабилизирующую роль, финансируя партии

Хороший врач не обязательно будет хорошим министром здравохранения.

140 партий – это не демократия

Главная проблема Туниса – социальная проблема. И именно решение этой проблемы демократы должны предложить.

Страница Истории. Как братоубийственная война расколола мусульман. Урок для тунисцев.

Когда же в Тунисе раздастся голос благоразумия?

Почему тунисцы вспомнили Авраама Линкольна?

Самое трудное в пустыне – определить верное направление!

У голодного желудка нет ушей.

Бедные никогда не будут голосовать за тех, кто их сделал бедными

 

 

Тунис. Индекс Standard and Poor’s сновапонижен.

Туниссегодня: dettes publiques excessives de près de 32 milliards de dinars, ce qui correspond à 48% de notre PIB ; déficit commercial de 8.813 millions de dinars non compensé par la balance des services ou les revenus des capitaux, ce qui signifie que la Tunisie s’endette auprès d’agents étrangers, inflation galopante (6%), chômage (17,6%), croissance (2% en 2012), etc

 

Публикации в газете «ЛЯ ПРЕСС» от 20 февраля 2013.

 

Тунис оказался в пустоте…

Капитан покинул корабль, чтобы вернуться

 

Suite logique des pourparlers qui se sont poursuivis jusqu’à la journée de lundi et qui se sont soldés par un échec de son initiative : le chef du gouvernement a présenté hier sa démission au président de la République. Il a concrétisé ainsi un engagement qu’il a pris devant tous les Tunisiens, en ce moment historique et solennel qui a suivi l’assassinat politique du militant Chokri Belaïd.
Un tel geste crée pour le pays un vide institutionnel qui engage tous les acteurs à une grande vigilance et à un sens des responsabilités face au devenir de la transition démocratique. C’est sans doute conscient de cette situation critique que Hamadi Jebali a assorti sa démission de propos rassurants, affirmant en particulier qu’il se tenait personnellement toujours prêt à servir le pays.
De fait, la crise politique que nous traversons fait de lui une figure incontournable dans toute recherche de solution consensuelle. Un atout, du reste, qu’il a su préserver, puisqu’il n’a pas perdu le soutien de son parti, malgré le désaccord qui l’a opposé à lui, et puisqu’il n’a pas non plus renoncé à son initiative de former un gouvernement de compétences nationales. Laquelle initiative recueille un large soutien, aussi bien dans l’opposition qu’au sein d’une aile de la Troïka.
Comme si, conscient qu’il détient la clé, la seule clé qui permettrait de sortir de la crise, le chef du gouvernement démissionnaire quittait le navire pour mieux y... revenir. Mais cette fois en position de force, et avec ses propres conditions : une date des élections fixée et les milices et autres organisations de ce genre bannies.
Hamadi Jebali joue à quitte ou double ? Certainement !

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

Тунисская демократия идет по турецкому пути?

 

Nous revoilà pire qu’à la case départ. Au début, il ne s’agissait que d’un remaniement ministériel, un replâtrage institutionnel en quelque sorte. Mais voilà, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis. Les chamailleries partisanes ont fini par avoir raison de tout. C’est le gouvernement en entier qui rend le tablier.
M. Hamadi Jebali prend acte de la faillite de son projet de formation d’un gouvernement de technocrates. Son propre parti, le mouvement Ennahdha, dont il est le secrétaire général, lui a barré la route. On tempère volontiers son projet via la proposition de formation d’un gouvernement politique avec des figurations technocratiques. Ennahdha est soucieux de maintenir les ministères de souveraineté, particulièrement le ministère de l’Intérieur, dans son escarcelle. Alors, point de cadeau. Au prix de faire violence au second ténor en chef du parti au besoin.
Jebali démissionne, la mort dans l’âme. Dans son entourage, on déplore la défaite circonstancielle. Mais on célèbre surtout la naissance d’un homme d’Etat. A les entendre, Jebali triomphe dans l’échec en quelque sorte. En d’autres termes, l’échec de Hamadi ferait le délice de Jebali.
Et l’homme d’Etat serait aux aguets. Il accepterait volontiers la sollicitude présidentielle de former un nouveau gouvernement. Sur la base d’un nouveau mandat, bien évidemment. Le mouvement Ennahdha pousse la prouesse jusqu’à réclamer à cor et à cri le retour aux affaires de son secrétaire général. Celui-là même qu’il a désavoué à force de coups tordus, de manœuvres dilatoires, de combines partisanes et de manigances non déguisées. Il est vrai que Jebali semble avoir présumé de son poids et des soutiens potentiels tant à l’intérieur de son parti que parmi les alliés et protagonistes à divers titres.
Les citoyens sont prévenus. La politique, c’est Machiavel en prime. Aux yeux des politiques, la fin justifie les moyens. Et l’on daigne bien verser quelques larmes de crocodile sur quelqu’un qu’on a trucidé.
Les Tunisiens sont surpris et anxieux. Ils redoutent le vide institutionnel. Et ils ont raison. Depuis des mois que ce triste manège perdure. Une classe politique amorphe, flottante et calculatrice risque d’hypothéquer la révolution proprement dite. Parce que le plus grand ennemi des révolutions, c’est le chaos.
Certes, on chargera probablement Hamadi Jebali de former un nouveau gouvernement. Dans son entourage proche, on murmure : «A chaque échéance un discours approprié». On imagine le topo. Mais les tiraillements ont été trop durs pour qu’on puisse les ravaler en un tournemain.
Désormais, dans la maison Ennahdha, il y a de sérieuses lézardes dans l’édifice. On a droit d’y clamer il y a péril en la demeure. Et pour cause. Les scissions des islamistes turcs sont passées du parti de la Prospérité à l’AKP via le parti de la Vertu. Les récents positionnements de M. Hamadi Jebali pourraient bien être apparentés à de pareils développements.
N’empêche. Hors Ennahdha, le pays réel et profond ressent un profond malaise. La politique désastreuse n’en finit plus de vicier le climat économique et social. La crise enfle. Les contribuables n’y peuvent guère. Pressurés, saignés à blanc, appauvris, ils comptabilisent les affres de la chute vertigineuse du pouvoir d’achat et de l’augmentation faramineuse des prix. Le chômage croît vicieusement tandis que l’insécurité sévit.
Les Tunisiens commencent à perdre confiance. La classe politique, toutes instances et tendances confondues, est pointée du doigt. Des mois durant, elle a étalé ses limites, ses atermoiements, son inconsistance. L’intérêt national est hypothéqué au profit des chapelles, et celles-ci sont phagocytées par les intérêts individuels.
La passe d’armes entre Hamadi Jebali et l’aile dure d’Ennahdha a profité à cette dernière. Mais le pays en a pâti. Lors des prochaines élections, tout porte à croire que les électeurs s’en souviendront.

Auteur : Soufiane BEN FARHAT

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

Профсоюзы. «Интересы Родины выше всех других интересов. Нужен национальный диалог!»

 

LesprécisionsdelUgtt

Le secrétaire général de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt), Houssine Abassi, a appelé hier les partis politiques, et particulièrement ceux qui ont refusé la constitution d’un gouvernement de compétences, à être conscients de la gravité de la conjoncture que traverse la Tunisie et à placer l’intérêt de la Tunisie au-dessus des intérêts sectaires et partisans.
«Les concertations concernant le remaniement ministériel ont pris beaucoup de temps. Une situation qui ne devrait pas se poursuivre, car chaque retard fait perdre à la Tunisie une occasion précieuse», a déclaré M. Abassi à l’issue de sa rencontre hier avec le Chef du Gouvernement provisoire, Hamadi Jebali.
«La situation sécuritaire, économique et sociale est difficile. Le pays ne peut plus attendre davantage», a-t-il estimé, affirmant la nécessité de placer l’intérêt de la Tunisie au-dessus des intérêts partisans.
Commentant la position de l’Ugtt concernant l’initiative de Jebali pour constituer un gouvernement de compétences nationales, M. Abassi a indiqué que l’Organisation syndicale soutient cette proposition, considérée comme une issue à la situation que connaît le pays, particulièrement suite aux incidents du 6 février dernier avec l’assassinat du militant Chokri Belaïd.
Le secrétaire général de l’Ugtt a aussi évoqué dans sa déclaration le dialogue national organisé en octobre dernier, affirmant que l’Ugtt était sur le point d’organiser cette semaine un deuxième congrès de dialogue national, mais que ce projet a été reporté en raison de la situation dans le pays.
«L’Ugtt n’est pas partie prenante dans l’actuel gouvernement et n’en fera pas partie», a expliqué M. Abassi, indiquant que le rôle de l’organisation syndicale consiste à rapprocher les points de vue pour surmonter la situation dans laquelle se trouve actuellement le pays, appelant à «l’élaboration d’une feuille de route claire qui rassure les Tunisiens concernant l’étape à venir».

Ajouté le : 20-02-2013

 

  Предприниматели: «Политическая нестабильность ухудшает экономическое положение» Mme Bouchamaoui affiche ses inquiétudes

La présidente de l’Utica, M­me Wided Bouchamaoui, a évoqué les craintes et l’appréhension des chefs d’entreprises face à la poursuite de la crise politique dans le pays.
Elle a indiqué hier, au terme d’un entretien avec le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, que «l’absence d’une vision claire et l’instabilité politique et sécuritaire aggravent la difficulté de la situation économique».
Selon un communiqué, publié par l’Utica, Mme Bouchamaoui a déclaré que «l’inquiétude des investisseurs s’est aggravée à cause de cette situation», soulignant que «plusieurs entreprises étrangères réfléchissent sérieusement à quitter le pays».
Face à cette situation, elle a fait savoir que «l’Utica appelle les différents partis politiques et les institutions légitimes existantes, et à leur tête l’Assemblée nationale constituante(ANC), à assumer leurs responsabilités et à œuvrer pour sortir de cette crise actuelle dans les plus brefs délais, ainsi qu’à accorder plus d’intérêt aux questions économiques vitales afin de permettre à l’entreprise économique d’exercer son activité normalement».
La présidente de l’Utica a mis l’accent, également, sur la nécessité de finaliser l’élaboration de la nouvelle Constitution tunisienne dans les plus brefs délais, et de fixer la date des prochaines élections, ce qui permettra de clarifier la vision pour l’ensemble des intervenants sur la scène nationale.

Ajouté le : 20-02-2013

 

Тунисская партия труда: «Нужен консенсус!» Crainte que l’initiative de Jebali n’ait servi qu’à contenir la colère…

Le secrétaire général du Parti du travail tunisien (PTT), Ali Ben Romdhane, a rejeté, hier, la formation d’un gouvernement de coalition, estimant que tout remaniement attendu doit concerner les ministères de souveraineté, et en particulier le ministère de l’Intérieur.
«L’objectif est de restaurer la confiance des citoyens dans le processus de transition et de garantir la tenue des prochaines élections loin de toutes formes de tiraillements politiques», a-t-il assuré.
Ali Ben Romdhane a rappelé son soutien à l’initiative du chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali, de former un gouvernement de «compétences nationales», précisant que cette initiative était une bonne opportunité pour parachever le processus de transition démocratique.
«Ce processus s’est écarté du principe consensuel qui doit régner en cette étape, s’agissant notamment de la rédaction de la Constitution», a-t-il regretté dans une déclaration à l’agence TAP.
Le secrétaire général du PTT dit craindre que l’initiative de Hamadi Jebali n’ait été utilisée pour «contenir la colère et la tension qui avaient atteint leur apogée à la suite de l’assassinat du secrétaire général du Parti des patriotes démocrates, Chokri Belaïd».

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

 

 

Нида Тунес критикует Ан-Нахду и Конгресс за Республику

Nida Tounès impute la responsabilité à Ennahdha et au CPR

Le bureau exécutif du mouvement Nida Tounès fait porter au mouvement Ennahdha et au Congrès pour la République (CPR) la responsabilité de «l’échec de l’initiative» du chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali.
Dans une déclaration rendue publique, hier, le bureau exécutif reproche aux parties prenantes au pouvoir d’avoir usé de l’initiative en question «pour désamorcer la colère populaire suite à l’assassinat du leader politique Chokri Belaïd, de l’aveu même de hauts responsables de l’Etat».
Il souligne, également, l’impératif de «démasquer au plus vite les meurtriers et leurs commanditaires, et de mettre en place une commission d’investigation indépendante, conforme aux standards internationaux», dénonçant la persistance du langage «d’invective et d’intimidation tenu à l’endroit du peuple tunisien outragé par l’incurie, la violence et l’assassinat, au lieu de lui faire des excuses et de faire amende honorable».
Le bureau exécutif de Nida Tounès appelle, également, à activer un mécanisme spécifique de consensus national à l’instar de l’initiative de l’Ugtt, qu’il considère comme un cadre possible pour la tenue d’une conférence urgente de salut national.
Après avoir souligné la nécessaire mise en œuvre de dispositions concrètes et fermes «pour la dissolution des ligues de la violence organisée et l’engagement de poursuites à leur encontre», la déclaration engage «l’Assemblée nationale constituante à se consacrer exclusivement à sa mission première pour laquelle elle avait été élue, à savoir doter le pays d’une Constitution démocratique, et ce, dans un délai ne devant pas dépasser avril 2013, et ouvrir, ainsi, la voie aux prochaines élections».
Le mouvement Nida Tounès appelle également, dans sa déclaration, à reconsidérer les nominations et affectations dont il dit qu’elles visent à «consacrer la mainmise partisane sur les rouages de l’Etat d’une manière incompatible avec l’indispensable neutralité de l’administration, surtout en période transitoire».

Ajouté le : 20-02-2013

 

Движение ВАФА: последовательно бороться с коррупцией Pour un gouvernement voué à la lutte contre la corruption

Le président du mouvement Wafa, Abderraouf Ayadi, s’est dit, hier, pour un gouvernement composé d’hommes politiques et de technocrates et dont le programme politique «doit être axé sur la reddition des comptes et la réforme».
S’exprimant à l’issue de sa rencontre hier à Carthage avec le président de la République provisoire Moncef Marzouki, Abderraouf Ayadi a indiqué qu’il a tenu à informer le président de la République que le mouvement Wafa «ne soutient pas l’idée d’un gouvernement apolitique», qui est, a-t-il estimé, «sans efficacité».
«L’étape actuelle commande la formation d’un gouvernement politique composé de personnalités connues», a-t-il soutenu, ajoutant :« Nous voulons un programme procédural et pratique qui commence par l’ouverture des archives de l’ancien régime, qui ont été soit détruites soit volontairement dissimulées».
«La période à venir devra être marquée par des réformes pour démanteler le système de corruption et entamer la reddition des comptes dans le cadre de la légitimité et le respect de la loi», a-t-il conclu.

 

 

 

У Туниса нет ясной социальной и экономической программы

Aux politiques d’être à la hauteur avant la tempête!

Par Ezzeddine Ben Hamida
Après l’euphorie, l’espoir et la délivrance qui ont suivi la révolution, aujourd’hui la Tunisie a le blues. Elle est triste mais pas abattue, affectée mais pas écrasée, amère mais pas découragée. Elle est patiente mais pas résignée ; lucide, limpide et perspicace. Elle sait aussi être impitoyable, dure et cruelle. Bref, une très grande nation qui a toujours honoré ses rendez-vous avec l’Histoire. Comme elle s’est débarrassée du misérable déchu, elle se débarrassera sans pitié ni mansuétude des fauves et des arrivistes de tout poil !
Outre les indicateurs macroéconomiques qui sont en berne : dettes publiques excessives de près de 32 milliards de dinars, ce qui correspond à 48% de notre PIB ; déficit commercial de 8.813 millions de dinars non compensé par la balance des services ou les revenus des capitaux, ce qui signifie que la Tunisie s’endette auprès d’agents étrangers, inflation galopante (6%), chômage (17,6%), croissance (2% en 2012), etc. (Pour plus d’informations, voir nos contributions en la matière). D’autres indices sociopolitiques et socioculturels montrent que la Tunisie a le blues : le divorce entre les politiques et les universitaires ; l’absence des femmes et des jeunes dans la nouvelle instance des sages ; l’affaiblissement du lien social et la montée de l’insécurité, sans oublier les ruptures des liens familiaux et la montée de la délinquance.

Le divorce entre les politiques et les universitaires (académiciens)

Contrairement à Ennahdha, dont la doctrine et les fondements idéologiques ont au moins le mérite d’être clairs, les autres partis progressistes (Ettakatol, le CPR, El Jomhouri, El Massar…, voire le Front populaire) se caractérisent, hélas, par l’insuffisance d’assise doctrinale et, par conséquent, un manque assez frappant de références intellectuelles. Dans les faits, cela se traduit par l’absence d’un véritable projet d’ordre sociétal, économique et, a fortiori, politique. C’est ce vide qui fait que ces mouvements modernistes ont du mal à se hisser comme étant des alternatives, des forces politiques louables, capables de rassurer nos concitoyens.
Même si aujourd’hui, après l’assassinat de Chokri Belaïd, certains de ces partis semblent regagner un peu de sympathie auprès des Tunisiens, celle-ci reste circonstancielle et momentanée, loin donc d’être une adhésion de nature idéologique.

La faute à qui ?

Les jeunes qui entourent les leaders des partis, c’est-à-dire les figures emblématiques de notre paysage politique avant la révolution, ont vite fait le vide autour de leur chef. Leurs ambitions démesurées, prématurées, et leur activisme débordant souvent irréfléchi et imprudent ont suscité auprès des intellectuels et des universitaires un sentiment de méfiance, voire de la perplexité, pour ne pas dire de la désaffection à l’égard des partis.
Le parti de Béji Caïd Essebsi échappe à ce constat dans la mesure où il regroupe d’anciens destouriens et certains du régime déchu. Nida Tounès dispose donc des compétences nécessaires. La méfiance entre les universitaires et les cadres de ce mouvement est vraiment de mise.

Où sont les « femmes » ?

La composition récente du conseil des sages est franchement scandaleuse. L’absence marquée des femmes, qui représentent près de 50% de la population, est simplement la négation de leur rôle dans notre société. Des femmes telles que Radhia Nasraoui, Om Zied, Sihem Ben Sedrine et bien d’autres femmes universitaires et magistrates, que j’ai pu voir sur les plateaux de télévision et surtout apprécier la rigueur de leur analyse ainsi que la force de leur conviction et militantisme, devraient intégrer ce type d’instance.
Un tel conseil devait représenter la parité entre les sexes. Hélas, trois fois hélas, je constate que nous sommes encore prisonniers d’une culture dominante pleine de présupposés et de préjugés. Entre d’un côté, les anciens bourguibistes qui ont du mal à se défaire de la politique en s’accrochant lamentablement au pouvoir, et surtout se considèrent — comme s’ils avaient procuration — comme étant les parents de la Nation et, de l’autre, la menace récente des salafistes, intégristes, extrémistes et rétrogrades: le risque de mise en péril de tous les acquis de ces 60 dernières années en faveur des femmes est réel!

Où sont les jeunes ?

Justement, ce sont ces fauves de la politique (les anciens bourguibistes) qui empêchent, outre les femmes, nos jeunes de percer et d’occuper la place qui leur revient. Si le rôle de nos jeunes dans la révolution est clairement et incontestablement établi, il n’en est pas de même donc sur le plan de l’influence politique. Ils sont quasiment exclus des instances représentatives. Le conseil des sages aurait dû réserver quatre sièges pour les jeunes avec le respect de la parité. Le critère de l’âge ne pouvant suffire à lui seul pour définir le mot sage. Le sage est celui «qui a la connaissance juste des choses» (Petit Robert).

L’embrigadement religieux et ses conséquences sur les liens familiaux

La montée des prédicateurs obscurantistes dans la Tunisie post-révolution s’est traduite dans les faits par l’embrigadement de nombreuses familles et parents. Les jeunes, qui ont une propension à la contestation des disciplines et des interdits de la morale des seniors, au nom de la liberté, face aux contraintes traditionnelles représentées notamment par la famille et la morale religieuse sont immédiatement stigmatisés et étiquetés pour ensuite être rejetés. La rupture des liens familiaux a induit auprès de beaucoup de jeunes des comportements déviants (anomiques) : alcool, drogue, imprudence sur les routes, délinquance et même suicide !
Tels sont, à mon sens, les principaux maux qui font que la Tunisie aujourd’hui a le blues. A vous, mesdames-messieurs les politiques de proposer des projets louables pour vos concitoyens. La Tunisie n’est pas un festin. Elle saura se débarrasser des ambitieux sans envergure!

Auteur : E.B.H.

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

 

 

 

 

 

Тунис. Исламистыпротивпрогрессистов.

 

Entretien avec : Professeur Jean-Michel De Waele, politologue belge

«Si les démocrates ne s’emparent pas du social, les religieux partout en Europe et dans le monde arabe vont l’emporter»

Les Belges sont parmi les meilleurs citoyens du monde à cultiver le sens du compromis, compte tenu de la division de leur pays et de la société belge entre francophones et néerlandophones. C’est à cet art que Jean-Michel De Waele, doyen de la faculté des Sciences sociales et politiques de l’Université libre de Bruxelles, nous invite, nous autres Tunisiens, pour nous retrouver, autant que faire se peut, autour d’un projet de société pluriel. Invité dans le cadre d’un programme universitaire, Jean-Michel De Waele se penche sur le cas tunisien en sa qualité de politologue ayant beaucoup travaillé sur les transitions démocratiques en Europe centrale et orientale notamment. Il est également reconnu comme étant un des spécialistes des partis politiques, il travaille actuellement sur la crise de la démocratie en Europe. Plusieurs ouvrages sont à son actif, entre autre Les partis de la gauche anticapitaliste en Europe, Vers une droitisation de la classe ouvrière ? Le vote obligatoire chez l’éditeur Economica. Professeur De Waele nous apporte dans cet entretien un éclairage intéressant sur la transition démocratique en Tunisie, ses chances de réussite. Le débat qui agite la société tunisienne, notamment entre islamistes et progressistes, a été précautionneusement abordé. Entretien.

Comment percevez-vous l’évolution de la Tunisie et plus généralement des pays dits du Printemps arabe?
Le Printemps arabe est une heureuse surprise pour les démocrates du monde entier, et c’était imprévu, et on voit bien toutes les difficultés qu’il y a dans la consolidation démocratique. La Tunisie est certainement le cas le plus encourageant, car le plus avancé dans les progrès démocratiques, et la question des droits de l’Homme. Une dictature est tombée, il existe une démocratie naissante, avec beaucoup de fragilité et de doutes, mais il y a une démocratie. Lorsqu’on compare avec l’Egypte, par exemple, où la police joue un rôle très répressif, l’armée reste un Etat dans l’Etat et les partis politiques qui ont du mal à se consolider, ou avec la Libye qui est encore loin de la démocratie. Ailleurs, dans le monde arabe, les choses ont peu bougé. Mais les Tunisiens ont leur destin en main.

Mais on parle de l’interventionnisme du Qatar et de l’ingérence de la France à l’occasion ?
On vit dans un monde globalisé où tout ce qui se passe influence d’un pays à l’autre. Certains voisins de la Tunisie n’ont peut-être pas tout à fait avantage à voir se développer une démocratie consolidée en Tunisie. Il est clair que le Qatar joue un rôle déstabilisant en intervenant et en finançant des forces politiques et religieuses, mais il serait vain de croire au vingt unième siècle qu’un pays puisse quelque part dans le monde connaître de profondes évolutions sans qu’il y ait des réactions à l’extérieur. Evidemment que la Tunisie gêne un certain nombre d’Etats. Le rôle de la France est un rôle qui me semble plutôt plus positif que négatif. La France a tout à fait avantage à voir une démocratie consolidée en Tunisie. Mais, parfois il y a beaucoup de maladresses, je pense que le vocable «fascisme islamique» est absurde. Le fascisme est un concept bien précis auquel on donne une définition précise. Il ne suffit pas d’envoyer des mots à connotation négative à l’opinion publique, je pense que M. Valls fait ce genre de déclarations, à vrai dire, plus à l’opinion publique française.

Un parallèle est-il pertinent entre la Tunisie et des pays de l’Europe centrale dont vous êtes spécialiste ?
Oui évidemment, c’est intéressant d’essayer de comparer les transitions démocratiques qui ont eu lieu après la chute du communisme et les révolutions démocratiques dans le monde arabe, et il y a des points communs. La grande aspiration populaire à la démocratie, la mobilisation, le rôle des élites qui doivent négocier cette transition. Mais il y a aussi de grandes différences. Exemple, dans les révolutions de 89, il fallait changer de régime politique et de régime économique. Il fallait aussi construire l’économie de marché. La Tunisie connaît déjà le capitalisme. Cela fait une grosse différence. Une autre différence importante. On peut difficilement comparer le régime Ben Ali avec un régime communiste, parce qu’il y avait sans doute plus d’influence extérieure sous le régime Ben Ali qu’en Roumanie. Si on compare la Roumanie avec le régime Ben Ali, il fallait sans doute mieux être dans le régime de Ben Ali au niveau de la répression que d’être en Roumanie. L’erreur de l’observateur serait de mettre tous les pays du monde arabe dans le même sac, et de mettre tous les pays d’Europe centrale dans le même sac. Mais on peut apprendre sur l’importance du pacifisme. Le fait qu’une révolution qui reste pacifique a plus de chance de réussir qu’une révolution dans laquelle la violence joue un rôle. Ce qui diffère, à mon avis, c’est le fait que dans les pays d’Europe centrale, tout le monde voulait la démocratie. Une fois que le régime est tombé, tout le monde s’est rangé à l’idée de la démocratie parlementaire et de l’intégration. Dans le monde arabe et en Tunisie, toutes les forces ne sont pas pour la démocratie. Les salafistes ne veulent pas de la démocratie. Je pense aux islamistes qui ont un problème avec la démocratie parlementaire et qui ne sont sans doute pas prêts à avoir une constitution d’Etat de droit. Les règles du jeu pour construire la démocratie ne sont pas les mêmes. Si autour de la table vous avez des gens qui s’opposent mais qui sont d’accord sur l’essentiel, ou si autour de la table vous réunissez des gens qui ne sont pas d’accord sur l’essentiel, c’est-à-dire sur le type de société vers lequel on veut aller.

Parlons de l’évolution des partis politiques tunisiens. Après la révolution, nous nous sommes retrouvés avec 140 partis. Qu’en pensez-vous ? Quels conseils donneriez-vous aux nouveaux partis? Comment un parti peut-il s’organiser et se professionnaliser, pour devenir plus efficace ?
C’est évidemment beaucoup trop 140 partis et ce n’est pas la démocratie. Un seul parti, ce n’est pas la démocratie non plus. Un paradoxe de la science politique, le régime n’est pas plus démocratique parce qu’il y a plus de partis. Mais c’est normal, on l’a vu en Espagne, au Portugal, en Grèce quand ils ont transité vers la démocratie. L’opinion publique a besoin de cette hyperpolitisation. Les gens ont besoin de s’exprimer. Certes, mais c’est le fait que les partis politiques ne se sont pas professionnalisés.

Dans cinq ans, il y en aura beaucoup moins, une série aura fusionné, ou disparu. Je pense que ce qui est important pour les partis, c’est de faire du terrain, d’être implantés dan la société. Le pire pour un parti politique dans une démocratie est de rester à la télévision et de ne pas avoir de lien avec la réalité sociale. Les partis qui survivent sont les partis implantés dans les entreprises, dans les quartiers, dans les universités, qui ont des militants. Il faut être à l’écoute des attentes populaires et suivre les évolutions sociales. Se professionnaliser, c’est se construire doucement. C’est un long travail, c’est former les jeunes.

Je tiens à dire que la Tunisie a de grandes chances, parce que, y compris sous Ben Ali, il y avait des partis politiques à l’étranger, dans l’opposition, dans la clandestinité. Il y a des courants traditionnels politiques en Tunisie et de grandes traditions qui n’existent pas ailleurs. Le jour où le Yémen deviendra une démocratie, est-ce qu’on pourra dire qu’il y a une tradition politique ? La Tunisie a une tradition politique profonde ancrée dans la société. Les partis politiques doivent tenir compte de cette belle histoire des idées politiques en Tunisie.

Il y a un courant de gauche réel en Tunisie, le courant social démocrate a toujours existé. Le courant national moderniste a toujours existé et le courant islamiste de même. Quant à la communication, elle peut faire gagner 1% ou légèrement plus, c’est tout. On ne peut pas vendre un parti politique comme une lessive. La démocratie, ce n’est pas simplement vendre une nouvelle poudre à lessiver. Ce qui est dangereux en Tunisie, c’est que beaucoup de gens qui se sont faire élire ne sont pas des professionnels de la politique. Etre homme politique, ça ne s’improvise pas.

Et, comme on le dit souvent, un bon médecin ne fait pas un bon ministre de la santé. J’ai fait des recherches sur la vie des hommes politiques, c’est une vie rude et dure qui demande un don de soi remarquable, un sacrifice de la vie familiale et privée au service des autres. Mais il faut des règles qui assainissent la vie politique.

Quels sont les risques que la transition démocratique n’aboutisse pas en Tunisie ?
Ils sont réels. C’est en Tunisie qu’il y a plus de chance qu’elle aboutisse, mais je pense que les dangers sont nombreux. Le danger extérieur, et puis il y a le danger intérieur. Le danger pour la Tunisie, c’est de ne pas mettre l’accent sur le social. Ma thèse est que la révolution tunisienne est une révolution sociale. Ce qui a fait exploser la révolution, ce n’est pas la démocratie, c’est l’absence de démocratie qui a abouti à une crise sociale, crise de la pauvreté et de la misère, et une crise de désespoir de la jeune génération.

Le problème de la Tunisie, c’est bien plus un problème social qu’un problème entre laïcs et religieux. Je crains que même en Occident, on ne mette uniquement le projecteur sur ce problème que je ne nie pas du tout évidemment. Mais je pense que si les démocrates et les laïcs veulent l’emporter, c’est en résolvant la question sociale. Le pire serait que les démocrates désinvestissent la question sociale, et laissent ce terrain à d’autres. Je pense que c’est ce qui s’est déroulé un certain moment en Tunisie. La victoire de la démocratie sera liée à la question sociale. Je ne suis pas sûr que beaucoup de partis laïques — peut-être le front de gauche — font un travail social. Ils dénoncent les barbus et discutent entre eux de la démocratie. Mais qu’ils aillent dans les quartiers pauvres et dans les petites villes de province et qu’ils proposent aux populations un projet social et économique.

A partir de quel moment peut-on dire que la transition a réussi ?
La science politique n’arrête pas d’en discuter, moi je pense que la transition est atteinte quand il n’y a plus à l’agenda politique la question : est-ce que ce pays est une démocratie ou pas. La transition sera terminée lorsqu’on ne pose plus la question sur la transition démocratique. Quand cela disparaît de l’imaginaire et tout retour en arrière, et toute dérive autoritaire religieuse auront totalement disparu. A l’heure actuelle, on ne se pose plus la question de savoir si la Pologne ou la Slovaquie peuvent quitter la démocratie. Aujourd’hui en science politique, on considère qu’il ne faut plus étudier la démocratie, mais la qualité de la démocratie. L’Inde est une démocratie, les Etats-Unis sont une démocratie, la Russie est formellement une démocratie. On voit que dans ces exemples, il y a de grandes différences. On peut dire qu’il y a des qualités de la démocratie entre la Russie et la Grande-Bretagne, les médias sont libres dans un cas et pas dans l’autre, c’est le fait que réellement les dirigeants politiques et économiques peuvent être changés, ce qui n’est pas le cas en Russie. Il faut que la démocratie soit une réalité et non pas formelle.

Les partis politiques sont en train de se coaliser en front électoral, mais le risque est grand de les voir se déchirer après les élections pour le pouvoir ?
La difficulté dans ces cas est à la fois de s’unir, et à la fois de n’offrir qu’une possibilité à l’électorat, il faut s’unir sur la base qui permet à l’électorat de voir ce que vous avez en commun. Il ne faut pas faire une espèce d’union sacrée nationale contre un ennemi. Parce que si vous n’avez rien en commun, ce n’est pas crédible pour l’électorat. Le programme proposé sera l’eau, le feu, qui mélange tout et n’importe quoi. Par la suite et même s’ils gagnent, ils vont se diviser tout de suite et désespérer leur électorat. Il faut se rassembler sur les grands courants profonds de la société tunisienne. Il ne faut pas faire des fronts tout à fait théoriques. Nous ne sommes pas dans une situation, tous contre un. Peut-être qu’un jour, il faudra faire une élection, ou ce sera une élection référendaire sur la démocratie : voulez-vous la démocratie, ou voulez-vous la théocratie ? Dans ce cas, tous les partis qui refusent la théocratie devront faire une liste en commun. En Tunisie, on n’en est pas là. Il y a une histoire politique en Tunisie, les anciens du RCD ne doivent pas se mettre sur la même liste que les gens de gauche ou les démocrates, ce n’est pas crédible. Le mouvement réformiste et démocratique, ce n’est pas la même chose que le mouvement de gauche. Il y a des traditions et des histoires différentes. Les partis politiques doivent s’organiser autour de quelques grands idéaux et représentations du monde en faisant attention de présenter des personnes crédibles.

Lors des dernières élections, Ennahda a très intelligemment ramené le débat autour de la question identitaire, les démocrates sont tombés dans le piège, ou peut-être ils n’avaient pas le choix. Ils ont rassuré comme ils ont pu, mais il y a eu en cours de chemin quelques erreurs stratégiques.
Je trouve que les démocrates et les laïcs de différentes tendances doivent être bien courageux, parce que ce sont des questions pas du tout simples à traiter. Par conséquent, il n’y a pas de leçons ni de recette. Jusqu’où faut-il répondre aux provocations ? Est-ce qu’il faut passer un certain nombre de films au nom de la liberté d’expression ? Ou est-ce qu’il faut commencer à faire des compromis ? Le débat n’est pas facile. Si on veut la liberté d’expression, il faut passer des films, même si cela énerve le camp d’en face. Je comprends ce discours. Et puis le discours non provocateur est tout aussi raisonnable. Cela ne sert à rien de passer ce genre de films que seules les élites occidentales peuvent aller voir à Paris et qui n’intéressent nullement le citoyen de base tunisien qui n’ira jamais voir ce genre de films, ou ce genre d’expositions. L’implantation dans la société est vitale pour entendre, pour sentir, pour bien voir les choses, et il faut sans doute faire la différence entre l’essentiel et l’accessoire. Il y a pour le moment une poussée des sentiments religieux dont il faut tenir compte. Je pense qu’en Tunisie, si on discute de la défense de l’islam, Ennahdha va toujours mieux défendre la religion que les partis laïques. Que peuvent faire les démocrates pour ne pas se laisser écraser dans un choix impossible, entre la provocation et une course perdue d’avance ? C’est d’imposer leur agenda politique. Je pense que dans bon nombre de cas, l’agenda politique c’est du social. Nous sommes dans une société où il y a un problème d’inégalité, ce que la mondialisation, la globalisation provoque comme société en France comme en Tunisie, c’est une grande injustice sociale, une désespérance sociale profonde. En ayant un programme sur l’emploi, sur le logement, sur les transports, les démocrates peuvent l’emporter, tout en restant fermes sur certaines positions, et en évitant de rentrer dans des débats stériles.

Le problème de la Tunisie actuellement n’est pas de passer tel ou tel film. Je ne pense pas que cela soit l’essentiel pour le peuple tunisien. Mais un constat, il y a une incapacité pour le moment pour les progressistes dans le monde à s’occuper du social. Je pense que si les démocrates ne s’emparent pas du social, les religieux partout en Europe et dans le monde arabe vont l’emporter.

Auteur : Entretien conduit par Hella Habib

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

ТУНИССКИЕ ХРОНИКИ, 21 февраля 2013. Часть 2

 

Кто будет оплачивать экономический и социальный прогресс?

 

La complexité du possible...

Quatre mille six cent vingt mots pour faire «une esquisse des contours du nouveau modèle de développement que tous les Tunisiens appellent de leurs vœux». Décidemment, nos élites ne connaissent pas la concision. C’est sans doute un héritage qu’ils traînent tel un boulet depuis le temps où ils fréquentaient les bancs de l’école française. Cette tendance à la prolixité est du reste alimentée par une culture, la nôtre, historiquement fondée sur l’oralité, la récitation des contes et les discours fleuves. Cela a sans doute quelque chose de pittoresque, mais en étirant inlassablement le propos, le risque de provoquer la lassitude n’est pas exclu même si le propos est clair et limpide comme l’eau de roche. Bref, le public ciblé risque de passer à côté du message essentiel que l’auteur tenait à faire passer.

«La Tunisie a fait de la croissance, mais pas de développement», constate l’économiste Radhi Meddeb dans une longue tribune parue sur les colonnes d’un journal électronique et dans laquelle il «esquisse» à grands traits les grandes lignes et les caractéristiques de ce que devra être à ses yeux le «nouveau modèle tunisien de développement».

Inclusive, sociale et solidaire, riche en emplois, durable, ouverte et performante, dotée et pourvue d’un référentiel de valeurs s’imposant à tous et de contre-pouvoirs forts et indépendants. L’analyse est pertinente. Elle est tellement pertinente et si juste qu’à la fin, on se prend à rêver et à espérer qu’un tel modèle puisse un jour être possible!

L’analyse ne tient en effet pas compte de l’existant. Elle semble faire l’impasse sur la réalité du lourd passif en termes de gouvernance et de développement, éluder la complexité de la société tunisienne et ne pas tenir compte des forces d’inertie et de la réticence au changement.

Et puis, dans cette analyse et dans cette projection, il n’est nulle part fait mention du coût d’une telle transition économique et sociale. Et encore moins de la question des sources de financement d’une telle entreprise...Une entreprise de grande envergure et de très long terme qui a toutes les chances d’être aujourd’hui perçue comme étant un luxe pour un pays en crise. En crise en termes de paiements extérieurs, de balance des paiements et de déficit budgétaire.
Tout à leur mérite, certains analystes font très souvent de très bonnes analyses. Il leur arrive parfois de se tromper, de prendre leur désir pour de la réalité. Mais on ne gère (hélas ?!) pas un pays comme on gère une entreprise. Dans la gestion des affaires d’un pays, on est forcément dans la gestion de la complexité dans le domaine du possible.

Auteur : Jawhar CHATTY

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

Standard and Poor’s inflige une nouvelle baisse

 

L’Agence de notation américaine Standard and Poor’s (SP) a annoncé hier, dans un communiqué, avoir baissé d’un cran la note souveraine de la Tunisie à «BB-» contre «BB», assortie d’une perspective négative, en raison de la crise politique qui secoue le pays.
«La perspective est négative, reflétant le risque de voir la situation politique se détériorer davantage au milieu d’une aggravation des perspectives financières, économiques et externes», a précisé SP. Elle avait dégradé en mai 2012 la note de la dette tunisienne à long terme du pays de deux crans, à (BB), le reléguant ainsi dans la catégorie des «emprunteurs spéculatifs».
L’agence a conservé toutefois, la note souveraine B sur le court terme, pour la République tunisienne.
SP a motivé la dégradation de la note souveraine par le fait que «les risques pour la transition de la Tunisie vers la démocratie ont augmenté nettement, ces dernières semaines, et en particulier depuis l’assassinat du leader de l’opposition Chokri Belaïd, début février».
La récente proposition du chef du gouvernement, Hamadi Jebali, de dissoudre le gouvernement de transition a mis en évidence, selon elle, «de profondes divisions au sein de la coalition, qui ont entravé sa capacité à prendre des mesures proactives correctives, contre un affaiblissement de l’environnement économique et financier».
La dernière tentative du chef du gouvernement provisoire de former un gouvernement de compétences s’est soldée, lundi, par un échec en raison, notamment, de l’opposition de son propre parti «Ennahdha», principale formation de la Troïka au pouvoir depuis les élections de 23 octobre 2011. Hamadi Jebali a annoncé hier soir sa démission.
SP a estimé «improbable qu’une nouvelle Constitution soit adoptée et de nouvelles élections organisées en 2013, mais probablement des mois plus tard que notre estimation précédente de mars 2013».
Elle a rappelé que «le PIB de la Tunisie a reculé de 1,8% en termes réels en 2011, tandis que la Banque mondiale estime la croissance à 2,4% en 2012. Les perspectives de croissance en 2013 sont assombries par l’incertitude politique, ce qui pourrait dissuader les investissements et conduire à répéter des grèves paralysantes en 2011».
Elle a aussi évoqué «la fragilité du secteur bancaire tunisien» indiquant «avoir réduit la notation de la Banque centrale tunisienne (BCT), au même niveau que celle de la note souveraine».
Le 12 février 2013, le gouverneur de la BCT, Chedly Ayari avait indiqué devant la commission des finances de l’Assemblée nationale constituante (ANC), «que les rapports parvenus à la BCT montrent que la situation politique actuelle dans le pays pourrait avoir un impact sur les prochaines notations».
Le directeur général de la Bourse, Mohamed Bechiou, a déclaré hier à la TAP que «la nouvelle révision de la notation de la Tunisie par Standard Poor’s n’aura pas un grand impact sur la Bourse, étant donné que cette dernière a déja été fortement touchée par la crise politique qu’a connue le pays, depuis deux semaines, suite à l’assassinat de l’opposant Chokri Belaïd».
Il a estimé que «si un nouveau gouvernement de consensus est composé, les agences de ratings pourraient réviser à la hausse la notation de la Tunisie».
S’agissant du marché boursier, il a relevé que «les prochaines introductions des sociétés à la Bourse (Land’Or, Aetech, Bitaka, Syphax...), à raison d’une nouvelle introduction chaque mois, auront un impact positif sur le marché alternatif, ce qui permettra de surmonter l’effet négatif de cette dégradation de la notation».

Ajouté le : 20-02-2013

 

Страница Истории.Как братоубийственная война расколола мусульман.

Урок для тунисцев.

Когда же в Тунисе раздастся голос благоразумия?

Pour que le sang de Chokri Belaïd ne se transforme pas en une nouvelle chemise d’Othman

Par Hilel OUALI
Lors de la grande discorde (35-40 ans de l’Hégire), qu’a connue le nouvel état islamique naissant et dont les répercussions ne cessent jusqu’à aujourd’hui de tourmenter le monde musulman, Mouaouiya Ibn Abi Sofiane, en fin politicien et stratège, a profité de l’assassinat du troisième kalife Othman Ibn Affan pour ravir le pouvoir au quatrième kalife Ali Ibn Abi Taleb, adoubé, pourtant, par les compagnons du prophète. Au bout de cinq ans de troubles, Mouaouiya finit par changer le système politique à jamais en le faisant passer de l’élection consensuelle (choura) au règne familial. Mouaouiya, alors gouverneur de l’actuelle Syrie, s’est empressé d’accuser Ali d’être l’instigateur de l’assassinat d’Othman, refusant de le reconnaître comme nouveau kalife et appelant à venger sa mort. Pour ce faire, il a exhibé la chemise d’Othman tachée de son sang pour haranguer les foules, soulever des appuis pour réclamer vengeance.

S’en est suivie une guerre fratricide qui a débouché sur l’abdication d’Ali et son assassinat et ouvrant la porte à un schisme divisant à jamais les Musulmans en sunnites, chiites et autres kharijites.
A bien des égards, ce que vit la Tunisie actuellement, suite à l’assassinat lâche du militant Chokri Belaïd, ressemble, toutes proportions gardées, aux prémices de la grande discorde. Une fois l’onde de choc passée, tous les partis politiques se sont empressés de désigner la Troïka au pouvoir comme le premier responsable direct ou indirect de cet assassinat, poussant avec l’appui des médias vers une analyse manichéenne très simpliste et réductrice de cet événement. Et alors que tout le monde était sous le choc et s’attendait à des messages d’assurance et de rassemblement, nos politiciens, voyant dans cet assassinat politique une aubaine sans précédent pour régler leurs comptes avec la Troïka, ont brillé par des envolées plus lyriques les unes que les autres, allant de la simple démission du ministre de l’Intérieur jusqu’a l’appel à la dissolution de l’Assemblée constituante.

Aucune voix appelant au calme et à la paix civile mais des flots d’accusations et de contre-accusations plongeant le pays dans un désarroi digne de l’après-14 janvier 2011.

Mais alors qu’au 15 janvier nous étions tous unis, n’ayant qu’un seul ennemi, nous voilà le 6 février 2013 divisés avec des ennemis à tour de bras.

A leur encontre, lors d’une cérémonie d’enterrement solennelle, les Tunisiens, toutes tendances politiques confondues, ont montré qu’ils étaient plus à la hauteur de cet événement tragique que l’ensemble d’une classe politique cherchant à tirer le plus de dividendes politiques possibles de cet assassinat.

Force est d’admettre que l’intérêt individuel et partisan l’emporte sur l’intérêt national. Le soir même, chaque parti a exhibé sa chemise d’Othman, pour poser ses doléances politiques, exiger, condamner, accuser, récuser, blâmer et tout le lexique belliqueux avec un abattage médiatique digne des grandes chaînes d’informations US.

Dans tout ce brouhaha, aucune voix de sagesse et de concorde; à croire que ce pays n’en compte plus aucune.
Résultat des courses, le pays est plus que jamais divisé et la fracture semble trop profonde pour être colmatée avec des déclarations d’intention alors que les actes et les paroles sont tout autres. Pendant ce temps, le pays vacille de partout avec les atermoiements du gouvernement pour la formation ou le changement de l’équipe dirigeante, agrémenté du syndrome du «je t’aime moi non plus» entre les trois partenaires de la trinité, le tout sur fond d’imbroglio politico-juridique qu’on croirait sorti tout droit de l’imaginaire des journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein.
Si cet assassinat a dévasté le pays tout entier, il peut aussi a contrario rassembler de nouveau tous les Tunisiens à condition que notre classe politique veuille bien écouter la voix de la sagesse et privilégier un tant soit peu l’intérêt national sur l’intérêt politco-politicien strict. La grande discorde musulmane a, à jamais, scindé les Musulmans et d’aucuns souhaitent que notre petite discorde aboutisse au même résultat. L’effet papillon nous guette... Cet assassinat est un grand malheur qui s’est abattu sur nous, mais ne dit-on pas qu’à quelque chose malheur est bon? Fallait-il en arriver là pour autant ?

Auteur : H.O.

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

Почему тунисцы вспомнили Авраама Линкольна?

Самое трудное в пустыне – определить верное направление

 

Les arnacœurs

Par Fethi EL Mekki (*)
«On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut tromper tout le monde tout le temps»... (Abraham Lincoln)
Il paraît qu’en Tunisie, certaines vilaines langues, à voix basse bien évidemment, sont intimement convaincues que ce n’est pas un hasard phonétique si le terme magouille s’apparente à la grenouille, à la fripouille et surtout à l’andouille, au propre comme au figuré...
D’autant plus qu’on a magistralement magouillé pour arnaquer les Tunisiens avant et surtout après les élections...

Durant des mois et des mois : ils ont dit qu’on allait voir ce qu’on allait voir : bien entendu, on n’a rien vu...

Et on a eu droit au bal des vanités et des voluptés...
Depuis cet inoubliable 23 octobre, ceux qui ont «remporté» les élections semblent toujours intéressés par les sensations fortes, puisque jusqu’à aujourd’hui, ils ne tiennent pas à nous révéler leurs talents et qualités qui a priori sont fort bien cachés...
Après ce Waterloo quotidien vécu par tous les Tunisiens, ces « seigneurs » qui parlent toutes les langues et ont lu tous les livres, s’engloutissent à vue d’œil dans un marécage de pataquès et de déshonneur et ont oublié que le plus difficile dans le désert, c’est d’en trouver la sortie...

Le supplice de tantale

Avec ces « miraculés », et leurs pathétiques présidents, qui se sont avérés de petite envergure, mais de grand esprit et surtout imbattables pour les mises en scène pitoyables et rigolotes, on a eu droit aux mots brefs et faibles, aux réflexions courtes, aux pensées très terre à terre et à la pauvreté jusqu’au dénuement total d’expression...
Ces politicards dont la trouble politique obéit à un code mystérieux, celui du moins visible au plus transparent, ont probablement oublié que la politique réclame aux hommes qui s’y destinent du charisme et un pedigree impeccable...
M. Marzouki, toujours impérial, par sa voix perchée et prêcheuse, a inondé les Tunisiens de grands mots, démocratie, liberté, dignité, qui contrastent fortement avec la situation horriblement grise qu’ils traversent...
Les parlementaires « élus par le peuple » et affligés d’une digestion prodigieuse mais laborieuse, piquent régulièrement et consciencieusement un somme avec les apparences de la plus profonde méditation... Et l’ANC a été enfin déclarée au bout d’une année, officiellement, théâtre d’ombres et de pénombres et professionnelle de la gestuelle humanitaire clownesque et impuissante, sans doute pour distraire les écoliers en congé et les mamies en mal de sensation forte...
De leur « président » dont la voix de silex est de plus en plus écrasée et les paupières de plus en plus baissées, on a souvent dit qu’il n’a pas eu la carrière qu’il méritait : il a fini par le croire... Dans les chaumières, son nom craque comme une allumette et enflamme les esprits... Tous les soirs, avant de s’endormir, il doit compter les anges ricaneurs, dégoulinants de goudron et annonciateurs de l’apocalypse, qui passent dans un grand battement d’ailes...

Allah gloire d’Allah

Avec M. « Radhia Allahou Anhou », par nature incapable d’émouvoir personne, la vérité a éclaté dans sa splendide nudité, lui donnant plus de relief... Désormais, il cabotine avec moins de chien qu’auparavant...
Homme de grand talent et d’esprit, drapé dans le lin blanc de la piété, écoutant les médiocres et encourageant les imbéciles, il a atteint le meilleur de son art et de sa «science», lorsqu’il s’est retrouvé au fond du gouffre, et ce, le 14 septembre 2012... Nonobstant qu’un bâton jeté dans l’eau n’a aucune chance de se transformer en crocodile...
Par un miracle qu’il doit peut-être à l’assiduité de ses prières, cet habitué des défaites s’est retrouvé là où il ne devrait pas. Raide et digne comme pour un nouveau sacre, il a camouflé les craquelures et les lézardes de l’édifice Ennahdha qui, moribond, ne tardera pas à s’écrouler... Après qu’il s’est vu décocher le coup de pied de l’âne par le monde entier et une gifle magistrale par 1,4 million de tunisiens, un certain 8 février 2013...
Envoyer des nains, pour interrompre les réunions des partis politiques, pour administrer des corrections à des intellectuels en pleine rue ou pire encore, pour empêcher le bon déroulement de l’enterrement d’un leader qui plus est, a été assassiné lâchement devant chez lui... ne pourra que renforcer la conviction que sa politique vit un niveau très bas de quotient intellectuel et que sa misérable comédie vénitienne — cad —masquée, entachée de soufre, d’impureté et d’esclandres, est en train d’imploser sur la pointe des pieds... Et s’échouera sur les rives de l’impopularité, entraînant son seigneur et maître dans son naufrage...
Bardé d’une probité républicaine fictive et de fausse vertu islamique, il n’a réussi en fait qu’à confectionner les plus invraisemblables magouilles et pièces montées... Et surtout à magnifier la haine et la rancune... Et rien de plus...
Avec lui on a assisté au magistère de la menace et de la violence... Amnésique, il a dû oublier que la Société protectrice des animaux a été créée en 1845, trois ans avant l’abolition de l’esclavage... Dieu que c’est beau la rancœur, lorsqu’elle ne se cache pas et qu’elle ose dire son nom...
La haine chauffée au fer rouge constitue le seul fonds de commerce de ses acolytes... qui, finauds, nous infligent des leçons « d’intelligence » telles que l’histoire de la cousine du Sheraton... Grâce à leur QI de sole meunière et à l’immensité de leur ignorance qui leur a donné des ailes, les slogans minables ont remplacé les idées, et les coups bas de barbouze de caniveau tiennent lieu de discours... Dans quelque temps, seule la carte de visite rappellera qu’ils ont été ministres...
Au fil des jours, des semaines, des mois, des bévues et des bavures gouvernementales, les Tunisiens, abreuvés d’imbécilités, sont abasourdis... Au bout d’une année, ces hâbleurs n’ont semé que sottises et bêtises, balbutiements et tâtonnements, points de suture et flaques de sang. Les résultats ne se sont pas fait attendre : ils n’ont récolté que des rognures et des rogatons, sur un fond d’hilarité générale...
La médiocrité et les agissements siciliens. Ça, ce sont les seules valeurs sûres sur lesquelles peuvent toujours compter ces bonimenteurs... Grâce à ces saints, la nausée est permanente, le dégout invariable et le vertige incessant... C’est normal me diriez-vous, puisqu’ils ne lisent pas, mais ils réfléchissent... En fait, ils sont tout juste bons pour la poubelle de l’histoire et il semblerait qu’ils soient les mieux placés pour porter le cadavre de la Tunisie...
Ces pauvres épouvantails sont stupéfaits et nous... consternés... C’est peu dire qu’ils sont exceptionnels... Après avoir poussé de funèbres cocoricos durant des mois, sous l’œil attendri de tonton, ayant acquis chèrement le sens du ridicule, ils sentent le souffle chaud de la déconfiture et de la débandade derrière leurs nuques et s’agitent dans tous les sens, précipitant leur propre noyade... Personne ne pourra plus rien pour eux...

La carcasse

Après avoir attrapé le syndrome de la grosse tête vide combiné à la maladie des pieds qui ne touchent plus le sol, ils passent de plus en plus de nuits blanches avec des idées noires... Parions qu’aujourd’hui, ces patriotes vertueux vivent probablement avec une petite valise au pied du lit...
Nul doute qu’un autre jour, les souvenirs de cette si triste période baigneront notre mémoire dans des effluves de honte et que ces philosophes ne trouveront que l’enfer pour théâtre de leur résurrection...
Comme il arrive dans l’histoire des hommes, le Ciel va inéluctablement se mettre de la partie... Je pense que c’est fini de cette « république » singeant une république bananière... Et que ceux qui sont, d’après leurs dires, là pour vingt ou trente ans, ont déjà perdu les prochaines élections... Avec beaucoup d’allure...
Adieu tristesse...
(*)Pneumo-allergologue

Auteur : F.E.M.

Ajouté le : 20-02-2013

 

 

У голодного желудка нет ушей.

Бедные никогда не будут голосовать за тех, кто их сделал бедными

Economistes, politiciens et gouvernement de technocrates

Par Mustapha ZGHAL*
La situation économique du pays étant ce qu’elle est, je ne sais si l’on a besoin plus de conseils d’économistes ou de conseils de politiciens juristes. Jusque-là, on a vu sur les plateaux de télévision des juristes politiciens plutôt que des spécialistes en économie et en gestion. Je trouve cette situation en quelque sorte embarrassante et peu convaincante étant donné les problèmes posés actuellement par l’économie tunisienne et je pense que les économistes et gestionnaires sont mieux placés pour en débattre et proposer des solutions dans le domaine économique. Il va de soi que les juristes spécialistes en constitution et en interprétation des lois sont mieux placés pour débattre des questions les concernant. Pourquoi alors cette situation embarrassante? Je pense qu’elle a des racines historiques et formelles. Historiquement, nos facultés de droit englobent conjointement l’enseignement du droit et des sciences politiques et économiques. C’était justement l’appellation de la faculté dans laquelle j’ai fait mes études d’économie au début des années 60. En fait, les étudiants en sciences économiques suivaient pratiquement les mêmes cours que les étudiants en droit (droit civil, constitutionnel, administratif, etc.) avec en plus les cours d’économie politique, de statistique et de mathématiques. Lorsqu’ on a séparé l’économie du droit au niveau de l’organisation des facultés, au milieu des années 80, les sciences politiques sont restées rattachées au droit, tandis que la faculté des sciences économiques s’est élargie pour englober les sciences de gestion. Est-ce-que la séparation entre l’économie et la politique au niveau de l’enseignement est une bonne décision ? A mon avis, cette séparation était contre nature, non conforme à la réalité des choses puisque le cours d’économie était dit «économie politique», les deux termes étant liés et les deux domaines sont parfaitement complémentaires. En Egypte, par exemple, (et dans d’autres pays probablement), l’université du Caire englobe une faculté dénommée «faculté d’économie et de politique». De la sorte, l’enseignement des sciences politiques est rattaché à l’économie. A mon sens, cela est parfaitement normal du fait des liens entre l’économie et la politique et comme je l’ai dit précédemment la matière enseignée dans les institutions universitaires, il y a 50 ans, était bel et bien appelée économie politique. Il suffit de se rappeler les manuels de Raymond Barre (Thémis) et d’Henri Guitton (Dalloz) qui ont pour titre: Economie Politique. Cela veut dire, sans doute que pour gérer l’économie d’un pays, il faut une politique économique, comme pour gérer les relations du pays avec d’autres pays, il faut appliquer un certain nombre de principes constitutifs d’une politique déterminée. Dans une économie ouverte aux échanges extérieurs, la gestion économique d’un pays suppose la connaissance des relations avec d’autres pays et par voie de conséquence une compétence politique. De là on peut affirmer avec beaucoup de vraisemblance qu’on ne peut séparer l’économie de la politique et qu’il vaut mieux revenir à l’ancienne appellation «économie politique».

Le pays a besoin de tous ses économistes

Cela étant, il est facile de constater, en regardant les plateaux des télévisions tunisiennes l’omniprésence des politiciens, des juristes et avocats pour débattre des problèmes de l’heure : les positions des partis, les tiraillements pour un éventuel remaniement ministériel, les mesures à prendre pour combattre la violence ou les chances d’un gouvernement de technocrates ou de consensus national. Bref, de tout sauf de problèmes économiques du pays comme si ces problèmes n’existent pas. Certes, nous savons que les problèmes des libertés et de la démocratie sont essentiels pour les Tunisiens et constituent des objectifs majeurs de la révolution du 14 janvier 2011. Les citoyens de tous bords ont bien affirmé que «la dignité passe avant le pain» mais tous les citoyens sans exception savent aussi que «sans pain, point de dignité». Alors pourquoi les économistes face aux difficultés économiques que connaît le pays n’occupent pas la scène pour faire le bon diagnostic et proposer les solutions qui s’imposent. Je sais que quelques-uns l’ont fait, tels que M. Mustapha Kamel Nabli, ex-gouverneur de la BCT, M. Houcine Dimassi, ex-ministre des Finances, et autres experts en la matière. J’adresse un grand merci à ces pionniers. Je m’adresse à tous les professeurs qui enseignent l’économie et la gestion dans nos institutions supérieures pour leur dire: économistes et gestionnaires, manifestez-vous. La Tunisie a besoin de vous pour résoudre ses problèmes. En effet, la Tunisie a besoin de vos analyses minutieuses, de vos conseils pertinents pour qu’elle retrouve le chemin de la croissance et du développement. En particulier, le pays a besoin d’un nouveau mode de développement capable de résoudre le problème du chômage, d’enrayer le déséquilibre régional et d’entraîner le pays vers le bien-être pour tous les citoyens. De quoi s’agit-il ? D’abord, il s’agit de définir l’objectif ultime qui est le bien-être et la dignité pour tous. Cela veut dire grosso modo rejoindre le niveau des pays développés de la rive nord de la Méditerranée. Il s’agit là d’un objectif primordial parce que quand on atteindra leur niveau, nos jeunes n’auront plus besoin de risquer leur vie pour passer à l’autre rive. Pour atteindre cet objectif et avec les moyens disponibles, les économistes pourront définir les étapes à parcourir et déterminer les taux de croissance à réaliser. Partant de là, les mesures à prendre et les actions à entreprendre sont facilement définissables. Tous les économistes et gestionnaires diront qu’il faut investir en capital et en travail pour assurer la croissance, créer des emplois, établir un équilibre entre les régions, développer les exportations et assurer les grands équilibres financiers. Ils savent aussi parfaitement que tout cela suppose impérativement une atmosphère de paix et de concorde sociale, un état de confiance entre le gouvernement et le citoyen, gage d’une stabilité politique sans faille. Et on peut se demander si les responsables politiques d’aujourd’hui sont conscients de cet impératif. Ce que je sais parfaitement, c’est que tout économiste adopte sans aucun doute cette opinion : «Point de salut en économie sans stabilité politique». Ainsi, je suggère que tous les économistes du pays le disent clairement et tout haut dans l’espoir qu’il soit entendu par tous les partis et tous les responsables politiques.

Les technocrates et la neutralité

Que nos responsables politiques sachent que le pays ne peut plus attendre plus longtemps, que la situation risque de devenir dramatique et désespérée et que le prix de ce laisser-aller sera alors hors de notre portée. La situation exige qu’économistes et politiciens mettent la main dans la main pour trouver la bonne solution avant qu’il ne soit trop tard. L’objectif de cet appel pressant aux économistes et gestionnaires de se manifester pour faire entendre leur voix aux politiciens en place est un message signifiant que l’économie du pays est en dérive et qu’elle ne peut plus continuer dans cet immobilisme. Il y a lieu de s’attendre à ce que le gouvernement de technocrates envisagé par le chef du gouvernement Hamadi Jebali soit plus attentif à cet appel de secours. Peut-être aussi que parmi les technocrates, il y aura des compétences fortement conscientes des dangers que court le pays. Il est évident que le gouvernement de technocrates veut dire pour nous un gouvernement en dehors des partis de façon à assurer l’objectivité de ses ministres, leur neutralité et leur engagement à ne pas se porter candidats aux prochaines élections. Monsieur Jebali s’est engagé par lui-même à respecter cet engagement. Monsieur Jebali ayant écouté la voix de la sagesse, a voulu donner l’exemple. Les partis politiques choisiront en connaissance de cause, soit la voie du salut public, soit la voie ancienne qui mène au désastre. Pour me résumer, je dirai tout simplement : moins de politique, un peu plus d’économie ou d’économie politique et une totale neutralité des dirigeants du pays vis-à-vis des tiraillements partisans. On n’a certainement pas besoin de rappeler à nos futurs technocrates que les pauvres ne voteront jamais pour ceux qui les ont rendus plus pauvres. Je termine ces propos par les deux proverbes français bien connus de tous : «Ventre affamé n’a point d’oreille»; «un homme averti en vaut deux».
Finalement, il y a lieu d’espérer que les technocrates feront mieux que les responsables politiques et que le gouvernement de technocrates attendu réussira la dernière étape de notre transition démocratique. Ce qui est certain, c’est que le peuple tunisien a été unanime suite aux bombardements de Sakiet Sidi Youssef du 8 février 1958 contre la violence militaire de l’occupant et il est resté uni et unanime contre la violence politique le 8 février 2013, jour de l’enterrement de Chokri Belaïd, que Dieu le Tout-Puissant lui accorde Son infinie Miséricorde et l’accueille dans Son éternel Paradis.

 

 

 

Обзор подготовил Н.Сологубовский

Тунис, 21 февраля 2013.