Ahmed Nejib Chebbi, Ministre au sein du gouvernement d’union nationale en Tunisie

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http://fr.euronews.net/2011/01/21/nous-travaillerons-inlassablement-pour-garantir-les-droits-sociaux-ahmed-nejib-/     “Nous travaillerons inlassablement pour garantir les droits sociaux”, Ahmed Nejib Chebbi Ministre au sein du gouvernement d’union nationale en Tunisie

Jamel Ezzedini

21/01 17:57 CET

 

Il est une figure emblématique de l’opposition tunisienne, le fondateur du parti démocrate progressiste. Ahmed Nejib Chebbi a consacré la majeure partie de sa vie à lutter contre le régime du président déchu Ben Ali. Aujourd’hui, il fait partie du nouveau gouvernement d’union nationale trés décrié en Tunisie. Ahmed Nejib Chebbi répond aux questions d’Euronews.

Jamel Ezzedini, Euronews : Ahmed Najib Chebbi, vous êtes ministre du Développement régional au sein du nouveau gouvernement de coalition. Un gouvernement qui, pour beaucoup d’analystes, et surtout, pour la plupart des Tunisiens, manque de crédibilité puisqu’on y trouve plusieurs membres de l’ancien régime. Quel est votre avis sur ce point?

Ahmed Nejib Chebbi : Ce que vous dites est un point de vue. La Tunisie d’aujourd’hui garantie le droit d’exprimer librement ses opinions dans les médias ou par des manifestations dans la rue. Je respecte ce point de vue mais je n’y adhère pas.

La crédibilité d’un gouvernement, selon moi, tient à deux choses: la composition de l‘équipe gouvernementale et son programme. Il faut souligner que les ministres de ce gouvernement, qui sont issus de l’ancien régime, avaient été exclus, sous Ben Ali, du cercle de la décision politique. Ce pouvoir de décision était alors dans les mains d’un seul homme et de quelques uns de ses conseillers. Nous souhaitons aujourd’hui que cette situation change. Le gouvernement doit pouvoir prendre les décisions politiques qui lui appartiennent. Il doit acquérir une crédibilité par des actes et non par des paroles.

Par ailleurs, regardons les ministres présents dans ce gouvernement. Il y a un ancien ambassadeur qui a officié dans plusieurs pays, un ancien leader de l’union tunisienne du travail qui a connu la prison, il y a aussi une réalisatrice de cinéma. Donc, si l’on regarde la composition de ce gouvernement, son programme, sa mission, il est, selon moi, tout à fait crédible. N’oublions pas que certaines idéologies, de droite ou de gauche, essayent de pousser le pays vers la confrontation en brandissant des slogans radicaux. Il ne faut pas occulter les menaces qui planent sur la Tunisie, je parle de menaces de chaos ou de dictature. Nous souhaitons donc une transition rapide et pacifique vers la démocratie d’ici six mois maximum.

Euronews : Vous pensez donc qu’il ne faut pas dissoudre le parti du RCD, même si c’est la volonté de la rue?

Ahmed Nejib Chebbi : La rue peut réclamer ce qu’elle veut mais je pense qu’il ne faut surtout pas répondre à ses exigences si elle a tort. La dissolution du RCD n’est pas une demande légitime. Par contre, la séparation du parti et de l’Etat en est une. Vous vous souvenez des révolutions en Europe de l’Est? Est-ce qu’ils ont dissous les partis communistes? Non. Ces partis exercent encore aujourd’hui leur activité. Ils ont juste été séparés de l’Etat et sont redevenus des partis comme les autres, sans priviliège, ni favoritisme. Je n’ai donc pas demandé la dissolution du RCD comme ce fut le cas en Irak avec le parti Baath. Je demande juste la séparation de l’ancien parti au pouvoir de l’Etat.

Euronews : Certains vous reprochent d’avoir renoncé, pour accéder au pouvoir, à un demi-siècle de militantisme contre la dictature. Alors que durant toutes ces années,votre parti a été victime du totalitarisme… Comment réagissez vous à ces accusations?

Ahmed Nejib Chebbi : Une main du RCD, de l’actuel gouvernement, nous a été tendue.

Que voulez vous que l’on fasse? Qu’on ne la serre pas alors que ce qu’ils veulent et ce que nous voulons tous, c’est aider notre pays à sortir de l’impasse. Nous sommes le premier parti politique à avoir soulevé la question de l’union nationale et ce avant même la chute de Ben Ali. Quand des membres du RCD nous ont proposé de collaborer, en garantissant la réalisation des réformes politiques et sociales, nous n’avons pas refusé. Mais pourquoi refuser de collaborer si c’est pour le bien de la Tunisie? Nous ne renonçons pas à notre lutte historique. Bien au contraire. Cette collaboration va nous donner une chance réelle d’atteindre nos objectifs et ce dans les six mois à venir.

Euronews : Pourquoi d’autres partis politiques tels que le parti communiste, le mouvement d’Enahdha ou encore les nationalistes, ont ils été exclus de ce gouvernement d’Union nationale?

Ahmed Nejib Chebbi : Les nationalistes existent en Tunisie et ce depuis très longtemps. Mais ils ne sont pas organisés. Ce sont des groupes divisés. Nous les respectons, le parti démocrate progressiste entreteint avec eux de bonnes relations. Le fait que l‘équipe dirigeante actuelle ne communique pas avec les nationalistes peut être perçu comme une négligence. Mais soulignons tout de même que le chef du gouvernement a rencontré durant une heure le numéro deux du mouvement d’Enahdha. Il a demandé aussi à rencontrer les représentants d’autres partis politiques non reconnus. Et certains d’entre eux ont refusé. Nous avons essayé d’inclure tous les partis dans les négociations mais, vous savez, le proverbe dit : ‘‘ce n’est pas parce qu’on ne réalise pas tout, qu’on jette tout’‘. Le gouvernement a été formé par des mouvements politiques capables de relever le défi, par des partis qui ont la capacité de s’entendre afin de réaliser les objectifs.

Euronews : Certains, en Tunisie comme à l‘étranger, pensent qu’on essaye de confisquer la révolution aux Tunisiens. Qu’en pensez-vous?

Ahmed Nejib Chebbi : La seule menace est celle qui vise à renverser le gouvernement d’Union Nationale. Si ce gouvernement atteint ses objectifs, la Tunisie deviendra un modèle de révolution populaire.

La confiscation de la révolution aurait du sens si l’on refusait au peuple les réformes qu’il demande. Les Tunisiens veulent des mesures justes et équitables. Ils demandent que l’effort de développement soit fait dans toutes les régions du pays. Concerant la liberté d’expression, nous obersons déjà des améliorations. En ce qui concerne le développement régional, ce gouvernement a créé un Ministère dédié au développement local qui m’a été confié. C’est une première en Tunisie. Nous envoyons par là un message fort à tous les Tunisiens : nous travaillerons inlassablement pour garantir les droits sociaux pour lesquels Mohamed Bouazizi est mort.

Euronews : Monsieur le Ministre, comment voyez-vous l’avenir de ce gouvernement. Sera-t-il capable de conduire les réformes politiques nécessaires et de préparer les prochaines élections législatives et présidentielles?

Ahmed Nejib Chebbi : La vie est faite de défis. Je parie sur le succès de ce gouvernement. Je suis bien conscient des défis qui se dressent devant nous et nous assumerons nos responsabilités jusqu’au bout. Nous allons réaliser les réformes politiques dans les six mois à venir. Nous les réaliserons jour après jour, heure après heure. Nous voulons aussi des réformes sociales. Il s’agit de tracer la route pour les futures générations, afin qu’elles puissent emprunter le chemin de l’avenir en toute tranquillité et avec toutes les garanties.

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Tags: Politique, Tunisie, Zine al-Abidine Ben Ali